Zoé Aubry

02.11.2019
26.01.2020

Noms inconnus

Prix de la relève MBAL

Il y a d’abord les mots, puis l’image. La lecture des textes est glaçante. Tous traitent de féminicides. L’artiste Zoé Aubry (Suisse, 1993) est la première lauréate du Prix de la relève, initié par le MBAL suite à la dernière édition de la Triennale de l’art imprimé contemporain, et destiné aux étudiant·e·s des écoles d’art de Suisse. Noms inconnus est non seulement une publication mais aussi une installation imaginée pour le MBAL par l’étudiante de la HEAD à Genève. Il n’y a rien de fictif dans ce travail. L’artiste rapporte les faits terrifiants de crimes qui ont lieu régulièrement. Le décompte est alarmant : en France, pays auquel Zoé Aubry s’est intéressé, une femme meurt tous les trois jours sous les coups d’un conjoint ou d’un ex-compagnon. Dans Noms inconnus, l’identité de la victime (nom et âge) et celle de l’auteur du crime sont scrupuleusement rapportées, de même que la date du crime, le lieu géographique, la peine du criminel et la situation personnelle entre les deux protagonistes. L’artiste réunit les informations sur le crime, les coupures de presse, mène l’enquête, répertorie. Étranglement, coup de poing, noyade, incendie, coup de couteau, etc., se retrouvent dans le traitement physique de l’image, celle-ci étant elle-même issue des recherches de l’artiste autour du fait social rapporté. Le texte et l’image ne forment qu’un et visent directement notre indifférence lorsque nous nous retrouvons à parcourir ces faits divers dans les journaux, sans que ceux-ci nous atteignent véritablement. Au travers de ce travail au caractère engagé, Zoé Aubry souhaite participer à une prise de conscience individuelle et collective. C’est pourquoi l’artiste s’attelle à rendre hommage aux femmes enlevées à la vie de manière dramatique et dont les noms sont trop succinctement mentionnés dans nos médias.

Zoé Aubry, après un Bachelor en photographie à l’ECAL, poursuit sa formation à la HEAD à Genève. Noms inconnus a obtenu le Prix de la Relève en 2018.  L’artiste est la première lauréate de ce prix nouvellement créé par le MBAL et pour lequel se sont réunis les membres du jury suivants : Marco Costantini (conservateur du mudac, Lausanne), Christian Egger (directeur de la Galerie C, Neuchâtel), Julie Enckell Julliard (responsable du Département développement culturel de la HEAD, Genève) et Karine Tissot (directrice du Centre d’art Contemporain, Yverdon-les-Bains).