Les Visages de l’industrie

30.08.2009
29.11.2009

Villes industrielles et horlogères des Montagnes neuchâteloises, La Chaux-de-Fonds et Le Locle connaissent dans la seconde moitié du XIXe  siècle de profonds changements liés à l’industrialisation qui touche l’Europe entière. Entre idéalisation du travail, nostalgie de la vie rurale, utopie, révolte et repli, cette double exposition, présentée au Musée des beaux-arts du Locle et au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, questionne les diverses réponses artistiques face au développement industriel en regard des contextes régional et européen et des enjeux contemporains.

C’est à travers l’art de l’estampe et dans une perspective européenne que le thème de l’industrie est ici exploré. L’occupation industrielle du territoire remodèle peu à peu le paysage. L’architecture des usines, le tracé ferroviaire, l’urbanisation de manière générale affectent la typologie des campagnes qui étaient figurées auparavant comme calmes et harmonieuses. Dans les paysages impressionnistes (Francis Seymour Haden [1818-1919], Camille Pissarro [1830-1903], Jean-François Raffaëlli [1850-1924]), les cheminées évoquent déjà la vie moderne, mais la fumée qui s’en échappe joue encore avec les nuages.

Relativisant l’idée de progrès, les conséquences sociales de la deuxième révolution industrielle (amorcée en 1848) sont nombreuses et touchent directement la communauté agraire. La figure du paysan est ainsi révélée dans des scènes évoquant sans complaisance sa situation (Théophile Alexandre Steinlen [1859-1923]). Si les artistes se montrent sévères envers la société alors en pleine mutation, ils et elles préfèrent souvent ignorer la réalité en multipliant les représentations idylliques de la paysannerie, notamment dans la gravure française de l’époque (Jean-François Millet [1814-1875]), et montrent leur attachement à une certaine identité rurale. Parallèlement au paysan laissé pour compte ou magnifié émerge l’ouvrier, personnage néanmoins plus rare dans la production gravée d’alors (Käthe Kollwitz [1867-1945]).

Un regard contemporain, évoquant l’actualité de cette thématique, complètera la présentation dédiée à l’estampe de la fin du XIXe siècle.

A voir également, Les Travaux et les Jours à l’heure de l’industrie au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, du 5 juillet au 8 novembre 2009.